• Exhibition catalog

I Proprietari / Die Besitzer / Les Propriétaires / The Owners

Bazile, Manzoni

Jean Louis Maubant and Dirk Snauwaert (Eds.)
2004
Jean Louis Maubant and Dirk Snauwaert (Eds.), »I Proprietari / Die Besitzer / Les Propriétaires / The Owners«, Images en manœuvres, Marseille, 2004
© ZKM | Center for Art and Media Karlsruhe
Type of publication
Exhibition catalog
Author / Editor
Jean Louis Maubant and Dirk Snauwaert (Eds.)
Publishing house, place
Images en manœuvres, Marseille
Physical Description
143 p.,: chiefly ill.
Language
English, German, French and Italian
Year
2004
ISBN
2-905985-66-6
Content

Une mesure pour tous

 

Les œuvres de l'artiste italien Piero Manzoni sont exposées
 dans les plus grands musées du monde.

 
Pour les critiques, il est l'un des plus grands, a l'égal de Marcel 
Duchamp.

Pour de nombreux artistes, il est une figure de la rupture.

Pour les marchands, il est une valeur sûre.

Pour les collectionneurs, il fait partie des incontournables.

Dans les écoles d'art, Manzoni est un classique.

En 1961, il crée les 90 »Merda d'artista«, boîtes de conserves 
contenant 30 grammes de ses propres excréments destinées à 
être vendues au prix de 30 grammes d'or au cours du jour.


 
L'existence même des »Merda d'artista« est une limite que la
 société a traitée comme telle : quand une de ces boîtes a
 été exposée en 1961 dans une galerie nationale en Italie, la 
polémique est allée jusqu'au Parlement italien. Dino Buzzatti
 défendit Piero Manzoni dans des affrontements qui eurent lieu
par journaux interposés.
De quelle façon cela est-il de l'art? Oui décide de l'existence
d'une œuvre d'art ? A partir de quel moment un objet devient-il
 une œuvre ?


 
Comme pour beaucoup d'artistes, la gloire de Piero Manzoni
est bien plus grande mort que vivant.

Retracer le trajet des »Merda d'artista« dans le temps et
 I' espace-le prix, I es différents propriétaires, c' est mesurer la 
reconnaissance accordée à l'artiste.

Le monde de I' art contemporain, comme tous les milieux, ceux
de la mode, de la musique, du cinéma, du sport, ceux des
 spécialistes, comporte son propre système de valeurs, ignoré
 du grand public, ou incompréhensible du fait de l'inconscience
des règles et valeurs qui constituent ce système.


 
Nous prétendons que ces règles sont les mêmes que celles qui
organisent notre société de façon a autoriser des échanges,
 se réaliser et exister, entretenir un rapport avec le monde et
 le temps.


 
Rechercher les relations entre les propriétaires, mettre en
 évidence l'établissement des valeurs, la nature de leur rapport
avec l'objet possède.

C'est le propos de notre œuvre.
 


Depuis sa création, cette série a été disséminée dans le
 monde entier. Aujourd'hui, la valeur d'une boîte est d'environ 
30.500 € (environ 200.000 FF, 25 à 35.000 US$).

Parmi les propriétaires de ces boîtes, des institutions 
nationales, des artistes, des collectionneurs, des marchands.


 
La »Merda d'artista« est une œuvre à laquelle il nous est
impossible d'accrocher une valeur formelle : la taille de I' objet,
 la banalité de son enveloppe, de ses couleurs ...

 
Pour une personne non informée, sans connaissances, c'est le
rire, la colère, ou un symbole de la décadence.
 

Dans le monde de l'Art, c'est un »must«.


 
D'où vient cette différence de jugement de « goût »?

 
Posséder une œuvre d'Art, c'est vouloir entretenir un rapport
avec elle, l'artiste, le vendeur, son époque ...

 
Chaque propriétaire entretient avec sa »Merda d'artista« un
rapport particulier :

• Quel a été le trajet de l' œuvre ?

• Dans quelles conditions l'a-t-il acquise?

• Qui la lui a cédée ?

• A quel prix ?

• Quand ?

• Où cette œuvre est-elle entreposée ?

• Quels sens donne-t-il a sa possession ?

• Comment est-elle exposée au public ?

• Dans quel but ?

 
S'intéresser a ces propriétaires, c'est traverser le monde 
de l'art, c'est faire le tour du monde en 90 boites: un grand
 nombre de pays est concerne - Italie, France, USA, Japon, 
Suisse, Corée ... –, tous les acteurs du monde de l'Art, ses 
mécanismes, ses valeurs, ses circuits.
 


Valeur commerciale et valeur artistique


Au début, ce n'est qu'un assemblage de métal, de papier et
 d'excréments humains. Puis, en quarante ans, cet assemblage 
devient une œuvre d'art, avec une valeur commerciale, une
valeur artistique et elle génère les discours enflammes les plus
 varies. Le film s'intéresse aux mécanismes de ces valorisations,
aux points d'appuis sur lesquels la société applique le levier
 qui transforme la valeur des objets.

 

La valeur commerciale


A part la cote de l'artiste, un exemple de mécanisme est 
le processus qui consiste à prendre un objet et à l'assurer. 
La prime dépend alors de la valeur de l'objet, et une fois 
la prime payée, la valeur de l'objet est fixée par le castrat
 de l'assurance. Un autre exemple: un peintre vend ses œuvres aux enchères, avec une valeur de départ, fixée par le
 commissaire-priseur et le peintre. La valeur de l'enchère finale 
crée la plus-value sur l'œuvre. Et le nom du propriétaire devient
 aussi un élément de la valeur commerciale.
 

La valeur artistique


A part la sensation intime du spectateur et son rapport avec
 l'objet, l'œuvre est au centre d'une conversation entre un
 artiste, un galeriste et un critique d' art.

La valeur artistique de l'œuvre dépend de la force de la 
conviction des personnes impliquées dans la conversation. Le
 trajet de l'œuvre est très dépendant de cet échange. La valeur
artistique de l’œuvre se mesure – en dehors de tuât marché – à la présence de cette œuvre dans diverses publications, à 
son exposition dans des lieux plus ou moins valorisants. Et donc 
l'exposant (publication, musée, galerie) devient un élément de la valeur artistique.

 
C'est le rassemblement de ces deux valeurs qui installe l'objet
 dans sa position d'œuvre dans la société.
 

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